C’était trop fort ! C’était même absolument insupportable ! Certains, parmi les Pharisiens, n’en pouvaient plus d’entendre le témoignage de cet homme — un moins que rien tout entier plongé dans le péché depuis sa naissance —, qui leur faisait la leçon en proclamant qu’il avait été guéri de sa cécité par Jésus de Nazareth. Ils le chassèrent donc hors de leur vue, n’acceptant pas cette guérison qui démasquait l’hypocrisie de leur cœur et leur ignorance de Dieu.
Ces Juifs vivent un itinéraire spirituel exactement inverse à celui de l’aveugle-né. Alors que celui-ci quitte les ténèbres pour la lumière, le refus de la vérité plonge ceux-là dans une obscurité toujours plus intense, les conduisant à nier l’évidence même, à savoir la guérison de cet homme qu’ils connaissaient bien. Ils ne cherchent pas la vérité, mais ils s’appliquent à étendre leurs mensonges, quitte à exclure tous ceux qui viendraient à les contredire. Ce n’est pas l’amour, mais la haine — du Seigneur et de leur frère —, qui les guide ; ce n’est pas la lumière, mais les ténèbres qui les fascinent.
Il peut arriver que nous soyons nous aussi tentés de durcir nos positions, de faire prévaloir nos opinions plus que de raison quand nous manquons de vigilance, quand la vanité et l’orgueil nous mènent pas le bout du nez. Réagissons alors en enfants de Dieu, laissons-nous guider par l’amour. Choisissons les œuvres de la lumière comme nous y invite la lettre aux Éphésiens. « La lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité. » Elle n’a aucune part aux ténèbres. Or là où sont la bonté, la justice et la vérité, là nous sommes certains aussi de retrouver l’Évangile et de rencontrer Dieu.