Lettre aux paroissiens

Lettre circulaire pour un temps de confinement.

Chers paroissiens,

La précédente lettre que je vous ai écrite date d’un peu moins d’un an : la France venait d’assister choquée à l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cet événement à forte portée symbolique suscita nombre d’initiatives heureuses. Les bonnes volontés se mobilisèrent pour limiter les dégâts et s’engager dans la reconstruction. Ce désastre, intensément vécu par chacun, semble se fondre aujourd’hui sur l’horizon lointain d’un passé pourtant récent.

Un autre incendie se propage ces jours-ci. Le Covid-19. Il s’étend de pays en pays. Aucune région n’est épargnée. Nos villages sont durement touchés. Ce ne sont pas des pierres qui sont happées par les flammes brûlantes de l’épidémie, mais la vie de nos proches : nos parents, nos grands-parents, nos frères, nos sœurs, nos amis. A la douleur d’un arrachement prématuré, s’ajoutent, en raison du confinement, celles de ne pas pouvoir dire adieu à ceux que nous aimons, de les laisser seuls au moment du grand passage, de ne pas pouvoir célébrer, pour les croyants, des funérailles religieuses.

En ces lignes, je veux assurer les familles endeuillées et les personnes malades de mon amitié et de ma prière. Je les présente chaque jour au Seigneur lors de l’eucharistie célébrée en privé aux intentions annoncées sur les feuilles paroissiales. Les messes qui ont été demandées seront toutes dites comme prévues, elles seront aussi célébrées publiquement lorsque l’épidémie sera passée.

De nombreuses initiatives spirituelles ont été prises pour lutter contre l’épidémie. On assiste même à une forme de surenchère qui n’est pas saine. La qualité d’une prière ne dépend pas de sa quantité, mais de l’intensité d’amour que l’on y met. Je reste très réservé à l’égard de toute chaîne de prière qui bien souvent ne fait que nourrir l’orgueil de ses instigateurs et de ceux qui y participent. Pour vaincre le Covid-19, priez avec cœur le Rosaire, le chapelet de la miséricorde divine (ou toute prière qui vous convient) et posez des actes d’amour, vrais, désintéressés, surtout avec votre entourage le plus proche. La patience de chacun peut être rapidement mise à l’épreuve quand on n’a pas l’habitude de vivre ensemble au quotidien. Vivez ce temps de confinement dans une charité vraie, ayant le souci des autres plus que de vous-même. Demandez à l’Esprit Saint de vous fortifier dans la patience, la douceur, la paix et la joie des enfants de Dieu. Agissez en citoyens responsables, respectant les consignes données pour le bien de tous. Le chrétien est un semeur de vie et non pas de mort. La semaine dernière, il y a eu 15 décès à Cornimont et La Bresse, quatre fois plus que d’habitude. La situation est extrêmement sérieuse et dramatique. Veillons à ne pas alourdir davantage ce douloureux bilan.

Il est probable que nous ne pourrons célébrer ensemble ni les Rameaux ni le Triduum pascal. Les services du Vatican sont en train de donner des directives pour que la fête de Pâques puisse tout de même être vécue. Je vous tiendrai au courant de l’évolution de la situation. Pour favoriser la communication, j’ai réactivé un site internet que j’animais il y a quelques années (www.ndaccueil.info). Vous y trouverez les dernières informations concernant nos paroisses, ainsi que les homélies du dimanche, des commentaires d’évangile, des prières (dont une à Saint Roch que l’on invoque en temps d’épidémie), des méditations et des émissions religieuses.

Ce dimanche, et tous les dimanches pendant la période de confinement, les cloches de nos églises sonneront à 10 h 30. Ce sera une manière, pour les fidèles, de vivre le jour du Seigneur en communion les uns avec les autres, et avec le prêtre de la paroisse qui célébrera la messe en privé à ce moment-là.

L’Église fêtera l’Annonciation à Marie, le 25 mars. En France, à 19 h 30, les cloches des églises sonneront durant 10 minutes. Chacun est invité, à ce moment-là, à déposer une bougie sur sa fenêtre pour manifester sa communion de pensée et de prière avec les défunts, les malades et leurs proches, avec les soignants et tous ceux qui rendent possible la vie de notre pays. Ce sera aussi l’expression de notre désir que la sortie de l’épidémie nous trouve plus déterminés aux changements de mode de vie que nous savons nécessaires depuis des années. Demandons en même temps à la Vierge Marie de remplir nos cœurs de foi, d’espérance et de charité. Qu’elle nous obtienne, en ces temps difficiles, le don de l’Esprit-Saint pour que nous sachions trouver les gestes de fraternité qui fortifieront les liens de communion et d’amour entre nous et entre tous les hommes.

Je vous confie à l’amour miséricordieux de notre Seigneur Jésus-Christ et à la protection maternelle de la très sainte Vierge Marie. Gardez confiance,

Votre curé,
P. Luc

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