Notre amie la mort

Il est bon de mourir. C’est ce que nous dit en substance Thomas Merton en méditant sur notre soeur la mort.

Si, l’heure venue, la mort nous apparaît comme une étrangère importune, c’est que le Christ aura toujours été pour nous un étranger importun. Car avec la mort vient le Christ, nous apportant la vie éternelle qu’il a payée de son sang.

Aussi ceux qui aiment la vraie vie pensent-ils souvent à la mort. Leur vie est pleine d’un silence qui est une victoire anticipée sur la mort. Le silence fait de la mort notre servante, notre amie même. Les pensées et les prières qui jaillissent de la méditation silencieuse de la mort sont comme des arbres qui poussent au bord de l’eau. Ce sont de fortes pensées, qui surmontent la peur du malheur parce qu’ils surmontent la passion et le désir. Elles tournent le visage de notre âme perpétuellement aimante vers celui du Christ. […]

Toute bonne mort, toute mort qui nous fait passer des incertitudes de ce monde à la paix et au silence infaillibles de l’amour du Christ est en soi cette affirmation et cette conclusion : avec ou sans paroles, ce qui est affirmé, c’est qu’il est bon que la vie arrive à son terme, que le corps retombe en poussière et que l’esprit retourne vers le Père, par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ. […]

Plus nous avons la conscience de la profondeur de notre pauvreté, plus notre mort sera pauvre et plus elle aura de sens. Car les saints sont ceux qui ont voulu, en cette vie, être les plus pauvres et qui ont exulté par-dessus tout dans la suprême pauvreté de la mort.

Source :

Thomas Merton, Nul n’est une île, p. 213-214.

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