Trahison. Il y a trahison quand il faut passer de l’agir au pâtir de telle sorte que finalement, à la question : « Qu’est-ce que je vais faire ? », le Seigneur me répond, comme à Saint Paul à Damas : « Je te dirai ce que tu dois souffrir » (cf. Ac 9,16). Ce que tu dois souffrir et non pas ce que tu dois faire. Mais ce que tu dois souffrir pour mon nom.
La question pour moi est donc maintenant de comprendre que la souffrance est inévitable si ma vie est profonde. Seuls les superficiels ne souffrent pas. Entrer dans l’amour, même dans l’amour humain, est toujours entrer dans la souffrance. Toujours. On tremble de perdre celui qu’on aime. Les difficultés se multiplient dans la vie de tous les jours. Il n’y a pas de grandeur sans souffrance.
Or la tentation de trahir vient toujours au moment où il s’agit d’adhérer à ce pâtir qui est au cœur de tout agir sérieux. L’homme qui n’est pas sérieux rêve d’un agir sans pâtir. Là est la pierre d’achoppement, le scandale pour les juifs, comme dit Saint Paul, la folie pour les païens (1 Co 1,23). Autrement dit, la vie chrétienne n’est pas une idylle, puisque ce qui est au cœur de Dieu incarné est sa Passion et sa mort sur la croix.
Où est le risque de trahison ? Nous risquons de trahir en refusant d’aller au fond des choses. Nous risquons de trahir quand nous voulons prendre la tangente et quand nous rêvons d’une imitation de Jésus-Christ qui ne serait pas une montée au Calvaire.