L’Évangile de ce jour sonne étrangement à nos oreilles. C’est un déploiement de violences qui peut susciter en nous troubles et angoisses.
Le texte du prophète Malachie n’est pas réjouissant non plus. Il annonce un jour de feu, un jour qui consumera tout ce qui doit être consumé.
Essayons de faire nôtre ces textes, de les accueillir au plus intime de nous-mêmes, en repartant du cœur de la Bonne Nouvelle qui nous assure que Dieu est amour, qu’il n’a d’autre désir que de faire advenir tous les hommes à la connaissance de la vérité.
En Dieu, amour et vérité sont indissociables. C’est pourquoi nous — qui désirons vivre de la vie même de Dieu —, nous sommes appelés à un amour toujours plus grand, à vivre dans la vérité de manière toujours plus profonde. Disons les choses de manière différente : en Dieu, il n’y a pas de mensonge. Par conséquent, si nous voulons vivre avec Dieu, c’est-à-dire si nous désirons conquérir le ciel, il nous faut éliminer de notre vie toute trace de mensonge, car accepter le mensonge, même dans ce qui peut paraître bénin, c’est consentir à se faire complice du Mauvais, de Satan, le père du Mensonge.
Notre désir de vie éternelle suppose donc que nous éliminions de nos vies ce qui n’est pas Dieu, ce qui n’est pas amour, ce qui relève du mensonge et du Mauvais. Sur ce chemin nous ne sommes évidemment pas seuls, la grâce du Seigneur nous accompagne, notamment par la médiation des sacrements de l’Église.
Lisons à présent le texte de Malachie. Écoutons le prophète : Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise. À la lumière de notre foi chrétienne, nous pouvons comprendre qu’il parle de l’avènement du Fils de Dieu dans la gloire. Ce sera un jour brûlant, parce que l’amour est brûlant, ardent à faire le bien. Ce sera un jour — et non pas une nuit —, parce que les œuvres des ténèbres seront démasquées. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, déclare le Seigneur de l’univers, il ne leur laissera ni racine, ni branche. En Dieu, il ne peut pas y avoir de mal, tout ce qui est mal doit disparaître, jusqu’à la racine, c’est logique.
Mais, ajoute le prophète, pour vous qui craignez le Nom, le Soleil de Justice se lèvera ; il apportera la guérison dans son rayonnement. Quelle magnifique source d’espérance : le jour du Seigneur, sera un jour de justice, où tous les humiliés, tous les blessés de la vie, tous les victimes d’injustice, obtiendront la guérison. Le jour du Seigneur n’est donc pas à craindre, mais à désirer, car il est notre guérison et si, quelque chose en nous doit être purifié pour cette rencontre de l’amour avec l’amour, réjouissons-nous en, car cela nous libérera de ce qui, en nous, empêche la parfaite communion avec notre Sauveur.
Nous sommes donc appelés à un amour parfait. L’évangéliste Luc le rappelle à sa manière. Jésus et ses disciples sont devant le Temple. Les apôtres admirent la construction, mais Jésus leur dit : Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. Jésus annonçait la destruction du Temple de Jérusalem qui aura lieu en 70 et toute la suite du texte prévient les disciples des persécutions qui les attendent.
Chaque génération humaine connaît son lot de malheurs, de guerres, de soulèvements, et de persécutions. Ce qui était vrai du temps de Jésus, l’est encore du nôtre. Les injustices, les malheurs, les persécutions contre les chrétiens demeureront jusqu’au retour définitif de notre Seigneur. Jésus dit simplement à ses disciples, c’est-à-dire à chacun de nous, ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage.
De qui, de quoi, sommes-nous les témoins ? Si nous tenons à être les témoins du Christ, nous sommes appelés à être les témoins de l’amour, les témoins de la vérité. Nous nous rappelons en effet cette parole autobiographique de Jésus : Je suis le chemin, la vérité et la vie (Jn 14, 6). Et c’est autre parole du Seigneur : À cela on vous reconnaîtra pour mes disciples, à l’amour que vous aurez les uns pour les autres.
Chers frères et soeurs, c’est cela que nous devons vivre personnellement, en famille, dans nos communautés chrétiennes.
C’est cela le roc, la pierre angulaire, les fondations, qui donnent de bâtir notre vie sur du solide.
Ce que nous devons admirer en ce monde, les uns dans les autres, dans la vie de l’Église, ce ne sont pas des murs — aussi hauts soient-ils —, ce ne sont pas des carrières — aussi belles soient-elles —, ce ne sont pas mêmes certains comportements ecclésiastiques ou religieux confits de bons sentiments mais hypocrites quant au fond, non ce n’est pas tous cela que nous devons contempler, mais la réalité de l’amour vécu, réalité bien souvent cachée, silencieuse, qui seule subsistera quand tout le reste aura croulé.
Oui, nous devons vivre et agir par amour, par amour de Dieu, par amour de nos frères, sans autre but que d’honorer Dieu, de lui faire plaisir. Nous pourrons alors, en toute vérité reprendre les paroles de Paul, paroles pleines d’une modestie vraie : Frères, vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Et plus loin, l’Apôtre ajoute : nous voulons être pour vous un modèle à imiter. Saint Paul rend témoignage, comme le Christ l’y invite. Nous aussi, soyons des témoins les uns pour les autres, soyons les uns pour les autres des modèles à imiter, non par vaine gloire, mais pour la plus grande gloire de Dieu. Amen.