
L’évangile de ce dimanche s’ouvre par une confession de foi : « Il y eut un homme, envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. » L’évangéliste reconnaît dans le Baptiste un authentique témoin du Christ. Qu’entend-il précisément par là ?
La suite du passage évangélique permet de répondre à cette question. Nous remarquons que Jean refuse toute assimilation à l’un ou l’autre des grands personnages attendus par le peuple d’Israël : le Messie, le prophète Élie, le grand Prophète, ce n’est pas lui. Tout se passe comme si l’adhésion à l’une de ces figures risquait de détourner ses auditeurs de Celui dont il est l’annonciateur.
Le Précurseur ne revendique rien pour lui-même. Il est une voix, c’est tout. Celle-ci n’existe pas par elle-même. Elle est habitée d’un souffle qui ne lui appartient pas. Elle porte une parole qui n’est pas la sienne : le Baptiste emprunte ses mots au prophète Isaïe. Le témoin est comme transparent à la Parole et à la personne dont il est le témoin. Ce n’est pas lui qui importe. Rien, en lui, ne doit écarter ceux auprès de qui il témoigne de Celui dont il témoigne. Par ailleurs, s’il lui arrive de poser un acte, ici de baptiser, celui-ci n’a de valeur que dans la mesure où il renvoie à Jésus, le Messie attendu.
Le témoin authentique ne s’afflige pas de cet effacement. Au contraire ! Il trouve sa joie dans l’occultation de sa propre personne : « il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue » (Jn 3, 30). Plus rien en lui ne fait désormais obstacle à la propagation de la Bonne Nouvelle, à l’advenue du Messie dans le monde. Heureux d’être ce flambeau par lequel la Lumière fait reculer les ténèbres, « sa joie est parfaite » (Jn 3, 29). Il ne cesse d’en rendre grâce à Dieu.