Jésus est l’Emmanuel

Dimanche 23 décembre 2007

Peut-être vous est-il arrivé, saisis par la beauté d’une chose, de sentir monter en vous l’émotion, avec le désir quasi-irrépressible de remercier celui ou celle qui est à l’origine de cet élan intérieur. Telle est l’expérience qu’il m’a été donnée de vivre à la lecture de l’Évangile de ce jour. Je profite donc de la grâce qui m’est offerte pour exprimer ma gratitude à saint Matthieu, le collecteur d’impôts devenu disciple du Christ.

Songe de saint Joseph
© Bnf. ms. Smith-Lesouëf (oriental) 253, fol. 47v

L’évangéliste s’adresse à une communauté ecclésiale d’origine juive. Elle rassemble des chrétiens qui possèdent parfaitement les Écritures. Ils ont reconnu dans le Christ celui qui accomplissait la Loi et les Prophètes.
Saint Matthieu veut rassurer et réconforter ces Juifs devenus disciples du rabbi de Nazareth. Celui-ci est bien le Messie attendu. Il le manifeste par son nom, Jésus, qui signifie « le Seigneur sauve », révélant ainsi la mission de rédemption attachée à sa personne. Il le manifeste encore par sa naissance annoncée par Isaïe : « Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : "Dieu-avec-nous". »

Remarquez l’admirable télescopage des prénoms : Jésus et Emmanuel. Ils se contredisent. Et pourtant ! Ils renvoient chez l’évangéliste à la même réalité spirituelle. Jésus est l’Emmanuel annoncé par le prophète. L’interprétation est audacieuse. Elle interdit une lecture fondamentaliste et ouvre le chemin d’une juste compréhension des Écritures chrétiennes : c’est en raison de sa foi en la résurrection du Christ que Matthieu a pu accueillir le mystère de sa naissance et reconnaître en Jésus le « Dieu-avec-nous » proclamé par la prophétie.

Textes du jour :
Is 7, 10-16
Ps 23 (24)
Ro 1, 1-7
Mt 1, 18-24
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