Initiation au combat spirituel

Saint Raymond de Penyafort († 1275) invite les soeurs de l’ordre qu’il a fondé à demeurer fermes dans le combat spirituel, en leur rappelant que la suite du Christ implique nécessairement adversité et persécutions.

Saint Paul, prédicateur de la vérité, a dit vrai, sans mensonges, lorsqu’il a affirmé : Tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ seront persécutés. Je crois donc que personne de cette génération n’en est excepté, sinon ceux qui ont négligé ou ignoré de vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et pieux.

Mais vous, il ne faut pas que vous soyez comptées parmi ceux dont les maisons sont en paix, tranquilles et sûres, et que le bâton du Seigneur ne menace pas, ceux dont la vie s’achève dans le bonheur et qui descendent en paix au séjour des morts.

Votre pureté et votre piété méritent et réclament, parce que vous êtes agréables à Dieu, que votre pureté soit purifiée encore davantage, jusqu’à une transparence parfaite, par des meurtrissures répétées. Si un double ou un triple glaive vous frappe, il faut admettre que c’est la joie parfaite, et un signe d’amour. Le glaive à deux tranchants, ce sont combats au-dehors, craintes au-dedans. Et il est doublé ou triplé au-dedans, parce que l’esprit malin trouble profondément le cœur par sa ruse et ses séductions, Et ce genre de combats, vous l’avez suffisamment éprouvé jusqu’ici, autrement vous n’auriez pas pu parvenir à cette paix et tranquillité intérieure si belle.

Au-dehors, le glaive est doublé ou triplé lorsque surgit sans raison une persécution ecclésiastique pour des motifs spirituels ; et là, les blessures les plus douloureuses viennent de nos amis.

Telle est cette croix du Christ, désirable et bonne : saint André, vraiment « viril » selon le sens de son nom, l’a embrassée d’un cœur joyeux ; en elle seule saint Paul, l’instrument de choix, nous dit que nous devons mettre notre orgueil.

Ayez donc les yeux fixés sur Jésus, qui donne la foi et qui la maintient, qui a subi la passion de la part des siens malgré sa parfaite innocence, et qui a été compté au nombre des criminels. En buvant à la coupe incomparable du Seigneur Jésus, rendez grâce au Seigneur, donateur de tous les biens.

Que lui-même, le Dieu d’amour et de paix, pacifie vos cœurs et hâte votre voyage, qu’il vous cache pour un temps dans le secret de sa face, loin des intrigues des hommes ; et cela, jusqu’à ce qu’il vous introduise et vous fasse prendre racine dans cette plénitude où vous résiderez éternellement, dans la beauté de la paix, les tentes de la sécurité et le repos de l’abondance.

Source :

Raymond de Penyafort, Lettres (Monumenta OP, Hist. 6, 2, Rome, 1901, p. 84-85).

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